Ces différents paragraphes présentent chacun un aspect de ce qui existe
sur le Darknet. Cette exposition ne fait pas l’apologie du Darknet,
mais tente une définition globale de cet outil.
Les darknets ont une réputation sulfureuse, mais regardons du côté des chiffres.
En 2018, 99% de l’utilisation de TOR est dédiée à la navigation anonyme sur le Clearnet, contre 1% utilisant des sites cachés, hébergés par TOR. Ce 1% est composé de 45% de services criminels (chiffre de 2013). La pédopornographie
est en tête (18%), la drogue, les marchés noirs et le piratage prennent entre
4% et 7%. Les 55% restant correspondent à des flux journalistiques, etc
Le trafic de drogues représente une part importante des échanges réalisés
sur le Darknet, sans être majoritaire. Ce dernier abrite des plateformes de vente très « banales », ressemblant à n’importe quelle autre on y trouve différents vendeurs, des images, des systèmes de notations et d’avis. Utiliser ces marchés noirs n’est pas sans danger : de nombreuses offres sont des arnaques. Il faut aussi pouvoir se procurer des bitcoins et les anonymiser, pour que le lien ne puisse pas être fait entre une transaction et l’identité d’un·e client·e.
On trouve de nombreux autres services et produits proposés à la vente sur le Darknet. Certains vendeurs proposent armes, fausse monnaie ou faux papiers, ou encore de louer les services d’un hacker. On trouve également des “kit de piratage” pour surveiller un·e proche, lire ses messages ou écouter ses communications. Certains proposent les services de tueurs à gage ! Ces vendeurs sont assez nombreux sur les différents darknets, et ne sont pas moins concernés qu’un autre secteur par les escroqueries et autres fausses propositions.
Des réseaux et des outils qui garantissent l’anonymat des utilisateurs et utilisatrices, et le chiffrement de leurs messages ? Un rêve devenu réalité pour beaucoup de sphères complotistes, qui cherchent à se soustraire à l’attention
d’un gouvernement ou d’une entreprise. On retrouve sur le Darknet des forums
de discussions plus ou moins actifs, administrés par des membres de ces cercles complotistes : déni du 11 septembre 2001 ou de l’alunissage, par exemple.
Les darknets abritent de nombreux discours politiques, d’un extrême à l’autre.
On y retrouve donc pêle-mêle sites suprémacistes, antisémites ou révisionnistes pour la partie “extrême-droite”, tandis que la branche “extrême-gauche” du spectre accueille divers sites anarchistes, écologistes. Le Darknet ne sert pas à la propagande ou au recrutement de groupuscules, car l’audience y est bien trop faible, mais est plutôt utilisé comme un outil de communication et d’organisation.
La pornographie est très présente sur le Darknet. Ce dernier permet d’aller plus loin que les contenus pornographiques classiques du Clearnet. Les personnes qui utilisent le Darknet pour trouver de la pornographie le font pour satisfaire des déviances illégales sur le Clearnet. Pédopornographie, zoophilie, nécrophilie ont leurs espaces d’échanges de photos, de messages…
D’autres contenus tout aussi dérangeants sont accessibles assez aisément sur le Darknet, pour qui veut les chercher. Des supposés livres de recettes cannibales, vendus sur le Darknet, font de temps à autre la une des médias, sans que l’on sache s’ils trouvent un public. D’autres ouvrages sont accessibles à la vente : le Manuel du tueur indépendant ou bien un supposé “manuel de survie militaire américain”, et divers documents ouvrant sur des perspectives assez effrayantes.
L’anonymat que permet le Darknet en fait un outil parfait pour les journalistes et les lanceurs et lanceuses d’alertes, qui ont besoin de se protéger. En effet, révéler des informations peut mettre en danger la sécurité ou la vie des sources qui les dévoilent. Il est donc fréquent que les journalistes utilisent le darknet dans leurs échanges, grâce à des plateformes comme WikiLeaks sur Tor, ou sa version française mise en place par Médiapart, www.frenchleaks.fr . Le Darknet est donc aussi un outil précieux pour la liberté d’information.
Un outil comme le Darknet est d’une importance capitale pour l’essor de la démocratie, surtout dans les Etats où elle n’est pas présente. Il permet aux dissidents de pouvoir s’organiser et garder le secret, ce qui est primordial pour échapper ou limiter les représailles d’un régime politique. Le Darknet a notamment joué un rôle important lors du Printemps arabe en 2011. Et dans une moindre mesure, certains Gilets Jaunes avaient créé des forums privés sur le Darknet pour tenter d’organiser des attaques envers les sites internet du gouvernement français.
Contourner la censure est un autre usage possible du Darknet. Dans un monde où tracer des citoyen·ne·s sur internet est un jeu d’enfant, il est normal que certains essayent d’y échapper. Parfois ces dissident·e·s sont politiques, et en désaccord
avec leur gouvernement, d’autres sont simplement en danger du fait de leur existence. C’est par exemple le cas des communautés LGBT+ de certains pays d’Afrique, qui utilisent le Darknet pour communiquer et s’organiser à l’abri.